Arthur Fils au repos forcé

Nico Par Nico

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À seulement 20 ans, Arthur Fils fait déjà preuve d’une grande maturité sportive. Le jeune Français, 14e mondial et l’un des espoirs du tennis tricolore, a annoncé samedi en conférence de presse son forfait pour le troisième tour de Roland-Garros en raison d'une fracture de fatigue au bas du dos, localisée entre les vertèbres L3 et L5. Une blessure douloureuse, contractée avant même son entrée dans le tournoi, mais qu’il a courageusement ignorée le temps de son match marathon face à Jaume Munar.

Un match héroïque… mais à quel prix ?

Jeudi, Arthur Fils a livré une bataille homérique contre Munar, conclue en cinq sets (7-6 [3], 7-6 [4], 2-6, 0-6, 6-4), malgré une douleur dorsale déjà présente. Il jouait alors, sans le savoir avec certitude, avec une fracture. Une performance qui témoigne d’une force mentale hors du commun, mais aussi d’une gestion raisonnée, car le joueur a pris la décision difficile de ne pas disputer le tour suivant face à Andrey Rublev, préférant penser à la suite de sa saison – et de sa carrière.

« C’était mieux de s’arrêter. Si j’étais allé plus loin, j’aurais probablement été sur la touche plusieurs mois », a expliqué le Français, réaliste mais frustré.

« Il y a de la frustration, c’est sûr, mais ça fait partie de la vie d’un sportif. »

Wimbledon, un objectif très incertain

Le diagnostic impose entre quatre à six semaines de repos, ce qui compromet sérieusement la participation de Fils à Wimbledon, qui débute le 30 juin. Huitième de finaliste en 2023, le Français pourrait devoir faire une croix sur ses points à défendre, mais il préfère jouer la carte de la prudence :

« On va essayer de voir si je peux être prêt pour Wimbledon. C’est entre grosses parenthèses. J’ai 20 ans, ce n’est pas le moment de me presser. »

Ce recul, à cet âge, est rare. Fils montre qu’il est déjà tourné vers le long terme, conscient que préserver son corps est prioritaire pour durer dans un circuit aussi exigeant.

Une blessure chronique à surveiller de près

La fracture de fatigue n’est pas une première pour Arthur Fils. Il en avait déjà souffert pendant son adolescence, au Centre National d’Entraînement (CNE), et avait dû porter un corset 24 heures sur 24 pendant six mois. Sa morphologie – il mesure 1,85 m et possède une musculature puissante – impose une forte contrainte sur son dos. Il le sait : cette fragilité est un point de vigilance permanent dans sa carrière.

« J’ai un corps assez cambré, je crois, et ça n’aide pas trop. Il faut trouver un moyen de bien se soigner et de passer outre ce problème-là. »

Repos, traitement… et progression physique

Le traitement de ce type de blessure repose essentiellement sur le repos, même si les options varient selon les médecins. « Certains ne portent rien, d'autres des ceintures, d'autres des corsets », explique Vincent Guillard, médecin de la FFT. Mais au-delà de la cicatrisation, Fils est conscient qu’il doit encore évoluer physiquement pour mieux encaisser les contraintes du très haut niveau.

« C’est le plus important : je dois progresser au niveau physique. À 20 ans, je n’ai pas encore le corps que j’aurai à 25. Il faut travailler pour mieux gérer les matches longs, les tournois à répétition. »

Un futur à préserver

Si cette blessure marque un coup d’arrêt dans un Roland-Garros prometteur, Arthur Fils sort grandi de l’épreuve, démontrant une maturité rare et une vision à long terme. L’avenir lui appartient, mais à condition de maîtriser ce corps puissant mais fragile, pour qu’il puisse exprimer pleinement tout le talent dont il a déjà donné un aperçu éclatant.

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