Corentin Moutet et son incroyable manqué

Nico Par Nico

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Corentin Moutet sait qu’il vient de vivre l’un des moments les plus frustrants de sa jeune carrière en Coupe Davis. Alors qu’il menait largement et maîtrisait son quart de finale face au Belge Raphaël Collignon, le Français a craqué sur un geste improbable : une demi-volée entre les jambes, tentée à 6-2, 5-6, 15A, dans un moment décisif du deuxième set.

Un choix risqué, raté, qui a symbolisé la bascule du match… et l’élimination de la France dès le premier jour du Final 8.

Un match parfaitement contrôlé… jusqu’à la décompression

Pendant un set et demi, Corentin Moutet avait tout fait juste. Très agressif dans des conditions rapides, il prenait l’initiative, dictait le tempo et repoussait un Collignon emprunté et souvent en retard sur les échanges.

Le Français le reconnaît lui-même : « C’est l’état où je joue le mieux. Mais je n’ai pas réussi à le retrouver aujourd’hui. »

Petit à petit, son jeu s’est déréglé. Moutet a commencé à défendre davantage, à douter, à rater. Collignon, lui, montait en puissance, ratant de moins en moins. La tension s’est installée, rendant chaque choix plus lourd, chaque hésitation plus visible.

Le geste de trop

Puis arrive ce moment improbable : une balle à jouer en contrôle à la volée… et Moutet tente un coup entre les jambes.

Il l’explique avec lucidité :

« Il y avait plein d’options plus intelligentes à ce moment-là. J’ai fait un mauvais jeu, pas seulement ce coup-là. Mais c’est sûr que la volée aurait été un choix plus judicieux. »

Ce geste spectaculaire, qu’il a déjà réussi par le passé, le trahit. Et le Français le sait : dans un match par équipes, en Coupe Davis, ce genre de prise de risque peut tout coûter.

Après ce point manqué, tout s’effondre. Le Belge prend le set, le momentum bascule, et Moutet ne s’en remettra plus.

Entre pression, émotions et regrets

Le Français ne se cherche aucune excuse. Il admet avoir été rattrapé par la tension, par l’envie de trop bien faire, par le poids des attentes :

« Quand on est tendu, chacun exprime ça différemment. Certains font des doubles fautes, d’autres font des mauvais choix. Moi, j’ai raté beaucoup de balles. J’avais envie de faire un bon match, de rendre honneur à la confiance qu’on m’accordait. »

Il confesse aussi ce sentiment brutal, presque intime :

« Quand je rate ce coup et qu’à la fin je perds le match, je me dis que je suis un clown. »

Lucide, amer, le Français sait qu’il a laissé filer une immense opportunité.

Un troisième set parasité par le doute

Impossible pour Moutet d’ignorer son geste raté en abordant la dernière manche.

« Évidemment que j’y ai pensé, » avoue-t-il.

Il continue de manquer des coups inhabituels, notamment une volée « qu’il ne rate jamais ».

Face à un Collignon métamorphosé, puissant au service et presque intraitable, Moutet finit par s’incliner (2-6, 7-5, 7-5), avec la sensation d’être passé à côté de son match « des deux côtés », revers comme coup droit.

Le soutien de Paul-Henri Mathieu… insuffisant pour inverser la tendance

Le capitaine des Bleus, Paul-Henri Mathieu, n’a cessé d’encourager son joueur :

« Continue, continue à croire en toi, ça va tourner. »

Mais rien n’y a fait. La fatigue, la puissance adverse et la perte de confiance ont fait pencher la rencontre du côté belge.

Un match symbole d’une élimination douloureuse

Ce point raté ne raconte pas tout, mais il symbolise le tournant d’un quart de finale que la France semblait pouvoir maîtriser. Avec la défaite d’Arthur Rinderknech dans la foulée, les Bleus ont quitté la compétition dès les simples.

Moutet, lui, repart avec un lourd bagage émotionnel mais aussi une franchise rare :

« J’ai été pris par l’émotion, je n’ai pas réussi à la gérer. Mais ça fait partie de moi. Je dois l’accepter. »

Une introspection douloureuse, à l’image d’une élimination que l’équipe de France n’oubliera pas de sitôt.

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