Jean Galfione au chevet de l'athlétisme français

Brice Par Brice

Publié le

La Fédération française d'athlétisme mise sur la légende de la perche pour relancer la machine tricolore. Une nomination qui marque un tournant stratégique vers Los Angeles 2028.

Trente ans après son envol mythique à Atlanta, Jean Galfione retrouve le devant de la scène athlétique française. Mais cette fois, ce n'est pas avec une perche à la main que le champion olympique de 1996 compte marquer les esprits. Nommé directeur de la haute performance de la Fédération française d'athlétisme en mai dernier, le Parisien de 53 ans a officiellement pris ses fonctions après les Championnats du monde de Tokyo, en septembre 2025.

Un palmarès qui parle de lui-même

Premier Français à franchir la barre mythique des six mètres, Jean Galfione est une icone du sport avec une aura intacte. Champion olympique en 1996, champion du monde en salle en 1999 et médaillé de bronze mondial en plein air en 1995, il incarne l'excellence à la française. Après avoir raccroché les crampons en 2005, l'ancien perchiste s'était reconverti dans la voile, participant notamment à la Route du Rhum et aux éliminatoires de la prestigieuse Coupe de l'America.

Une mission claire : redonner du souffle aux Bleus

Frank Bignet, le directeur technique national, souligne que Galfione possède une légitimité exceptionnelle, combinant expérience de champion olympique et connaissance approfondie du sport français. Sa nomination intervient dans un contexte délicat pour l'athlétisme tricolore. Lors des Jeux olympiques de Paris 2024, seule Cyréna Samba-Mayela avait décroché une médaille, l'argent sur 100 mètres haies. Un bilan maigre qui a précipité les changements au sein de la fédération.

Jean Galfione succède à Romain Barras, en poste depuis 2022, et prend les rênes d'un projet ambitieux tourné vers les Jeux de Los Angeles 2028. Son objectif est clair : identifier et accompagner les athlètes capables de briller sur la scène mondiale.

Un plan de performance tourné vers l'avenir

Mardi 16 décembre, la FFA a dévoilé son nouveau plan de haute performance, piloté par Jean Galfione. L'ambition affichée est de propulser la France dans le top 3 européen, ce qui équivaudrait à une place dans le top 8 à 10 mondial. Actuellement, les Bleus évoluent autour du top 5 européen lors des grandes compétitions seniors et jeunes.

Le nouveau directeur de la haute performance a d'ores et déjà identifié une soixantaine d'athlètes susceptibles de viser le podium lors des prochains rendez-vous internationaux. Son approche se veut pragmatique et ciblée, avec un accompagnement renforcé des "top athlètes" pour réduire l'incertitude des grandes échéances.

Mais la vision ne s'arrête pas à 2028. La fédération pense déjà aux Jeux de Brisbane 2032 et même à ceux de 2036, avec la nomination d'autres personnalités chargées d'encadrer les jeunes pousses. Cette stratégie s'inscrit dans une ambition durable, cherchant à embarquer territoires et clubs dans cette dynamique collective.

L'Insep, camp de base de la reconquête

Parmi les axes forts du nouveau plan figure la volonté d'ouvrir davantage l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep) aux athlètes qui s'entraînent à l'étranger ou qui ne sont pas résidents permanents. L'objectif est de transformer l'Insep en véritable camp de base de la fédération, offrant infrastructures et encadrement de pointe à tous les talents tricolores.

Des moyens supplémentaires seront alloués pour stabiliser la situation professionnelle de certains entraîneurs et favoriser les collaborations entre coachs. La fédération souhaite également attirer des entraîneurs basés à l'étranger, comme Yaich Antony, coach du triple-sauteur Melvin Raffin, pour créer une émulation autour des disciplines en développement.

Une démarche tournée vers les territoires

Dès sa prise de fonction en mai 2025, Jean Galfione a affiché sa volonté d'aller à la rencontre des acteurs du terrain. Son premier déplacement l'a conduit aux Antilles et en Guyane, des territoires qui ont vu naître de nombreux champions français mais qui restent parfois délaissés par les instances fédérales. Cette démarche illustre une approche inclusive, visant à élargir la base de recrutement et à offrir aux talents issus de tous les territoires un encadrement à la hauteur de leur potentiel.

Le défi de Los Angeles

Trois ans, c'est le temps dont dispose Jean Galfione pour transformer l'athlétisme français en machine à médailles. Un délai qui peut sembler court face à la domination des États-Unis, de la Jamaïque ou du Kenya sur la scène mondiale. Mais le champion olympique de 1996 possède les atouts pour réussir : une légitimité sportive incontestable, une vision stratégique et une obsession du détail qui ont fait son succès en tant qu'athlète.

Sa mission ne se limite pas à décrocher des podiums. Il s'agit de créer une véritable culture de la performance, de fédérer les talents autour d'un projet commun et d'insuffler une rigueur nouvelle dans l'accompagnement des athlètes. Au-delà des résultats, c'est toute une génération d'athlètes qu'il devra inspirer et porter vers l'excellence.

Avec Jean Galfione à la barre, l'athlétisme français espère retrouver des couleurs.

Rendez-vous en 2028 pour voir si la magie opère à nouveau.

Actualités en rapport