La France s'impose mais se fait peur

Malgré un départ tonitruant et vingt premières minutes de haute intensité, l’équipe de France a dû s’employer pour venir à bout des Fidji (34-21), samedi soir au Matmut-Atlantique de Bordeaux. Une prestation contrastée, loin d’être pleinement rassurante, à une semaine du dernier test de l’automne contre l’Australie.

Un début de match idéal

Sous un léger crachin bordelais, les Bleus entament la rencontre avec une efficacité redoutable. Plus incisifs que face à l’Afrique du Sud une semaine plus tôt (17-32), ils dominent les impacts, règlent mieux leurs combinaisons et convertissent systématiquement leurs temps forts.

Dès la 6e minute, Nicolas Depoortere, parfaitement servi par Pierre-Louis Barassi après une combinaison en touche, perce une défense fidjienne déjà désorganisée. Julien Marchand enfonce le clou à la 15e minute sur un ballon porté concluant une pénaltouche, alors que les Fidji évoluent à 14 après un carton jaune infligé à Selestino Ravutamada.

À la 19e, Charles Ollivon parachève un contre supersonique initié par Louis Bielle-Biarrey : 21-0, le XV de France semble intouchable. Dominants en touche, propres dans leurs transmissions, les hommes de Fabien Galthié paraissent avoir remis les compteurs à l’endroit.

Le trou d’air : trois essais encaissés en quinze minute

Mais la mécanique se grippe brutalement. Les fautes s’enchaînent, les duels sont perdus, les automatismes se fissurent. Le remplacement précoce de Barassi (commotion), suivi de la sortie de Gailleton, pousse Oscar Jégou à dépanner au centre, désorganisant encore un peu plus la ligne offensive et défensive.

Les Fidji, fidèles à leur réputation faite de fulgurances et d’irrégularité, saisissent immédiatement l’occasion. Ravouvou profite d’un duel mal négocié pour réduire l’écart (21-7, 28e), puis Ravutaumada ridiculise successivement Ntamack, Taofifenua et Lucu pour ramener les siens à sept points juste avant la pause. Le renversement de jeu parfaitement exécuté en début de seconde période, conclu par Wainoqolo, achève de rebattre totalement les cartes : 21-21 à la 44e minute, tout est à refaire.

Une fin de match plus sérieuse qu’inspirée

Acculés, les Bleus resserrent leur jeu. Loin des envolées du début de match, la France se recentre sur ses fondamentaux : occupation, discipline, conquête. Thomas Ramos, précis face aux perches, redonne de l’air avec deux pénalités (50e, 58e).

L’essai du break vient finalement à dix minutes du terme, signé Depoortere, omniprésent et récompensé de sa puissance après une passe intérieure de Ramos (34-21, 71e). Le match se conclut sur un carton jaune contre Ramos pour en-avant volontaire, puis un ballon gratté avec autorité par Alldritt, symbole d’une fin de partie plus maîtrisée.

Une victoire, mais encore des questions

Cette victoire permet aux Bleus de retrouver le chemin du succès, mais elle ne dissipe pas les doutes apparus au cours de cette tournée de novembre. Capables du meilleur comme du moins bon dans un même match, les Français devront montrer davantage de constance et de rigueur face à l’Australie samedi prochain au Stade de France (21h10).

Avec six victoires et cinq défaites en 2025, ce dernier test fera office de bilan pour une année en demi-teinte, où l’équipe de France aura souvent alterné promesses et fragilités.