Didier Deschamps entre vitesse et précipitation

Nico Par Nico

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À l’aube de sa dernière campagne de qualifications pour la Coupe du monde 2026 à la tête de l’équipe de France, Didier Deschamps s’est confié dans un long entretien. Le sélectionneur de 56 ans dresse un constat lucide : l’évolution du calendrier, toujours plus dense, a profondément transformé sa façon de travailler et ses priorités dans la gestion des Bleus.

Des cadences intenables pour les joueurs

Pour Deschamps, la question est claire : les footballeurs de haut niveau sont proches de leurs limites. « On sort de la saison la plus longue qu’il n’y ait jamais eu », explique-t-il, évoquant les joueurs engagés jusqu’à la Coupe du monde des clubs. Si certains profitent de championnats allégés, l’élite, elle, est sursollicitée. Résultat : les internationaux arrivent souvent diminués physiquement.

Le sélectionneur reconnaît adapter son approche : « Quand tu joues tout sans souffler, tu le payes l’année suivante. Je leur conseille de partager leur ressenti avec leur coach en club. Mieux vaut souffler un match que rater une grande compétition. »

La sélection nationale sous pression des clubs

Le rôle des clubs est devenu central. « Le pouvoir des clubs est bien plus fort que celui des sélections », note Deschamps, tout en affirmant que l’attachement des joueurs au maillot bleu reste intact. Mais entre blessures, risques et pressions médicales, chaque rassemblement devient un exercice d’équilibriste. Concernant Ousmane Dembélé, il balaie l’idée de pressions excessives du PSG : « Ils veulent surtout minimiser les risques. »

Un métier bouleversé depuis 2012

Lorsqu’il a pris les rênes des Bleus en 2012, Deschamps disposait de temps pour travailler en profondeur. « Avant la Coupe du monde 2014, nous avions 28 jours de préparation. Aujourd’hui, quand on a quinze jours, on dit merci », regrette-t-il. Les rassemblements internationaux se sont réduits à quelques séances, souvent compromises par la fatigue et les calendriers de clubs. « Les répétitions, c’est fini. Je vais à l’essentiel. »

Sur le plan physique, il ne peut plus transformer ses joueurs. « Ils arrivent comme ils sont. On ne peut pas les changer. » Le travail tactique reste possible, mais limité.

La Coupe du monde 2026, un défi logistique

Organisée aux États-Unis, au Mexique et au Canada, la prochaine Coupe du monde s’annonce complexe à gérer. Deschamps redoute des conditions climatiques difficiles, des voyages longs et des températures extrêmes : « Aux États-Unis, lors de la Coupe du monde des clubs, il a fallu arrêter des matches à cause des orages. »

Avec des joueurs déjà épuisés dès le mois de mars, il sait que la fraîcheur sera l’arme maîtresse. « Ce qui coûte le plus, c’est le pressing haut. En sélection, comme en club, tout dépend de la fraîcheur. »

La fatigue, un enjeu majeur

Le sélectionneur souligne aussi le poids psychologique, souvent sous-estimé. « La fatigue mentale, personne ne peut la mesurer. » Les sollicitations médiatiques, les transferts ou encore les incertitudes contractuelles pèsent sur les joueurs. Deschamps se dit attentif à ces situations, comme pour Adrien Rabiot ou Benjamin Pavard, autorisés à régler leurs transferts avant de se concentrer sur le terrain.

« Je m’adapte »

Pour conclure, Deschamps refuse de parler de métier « plus dur » : « Je ne sais pas si c’est plus difficile, mais tout est condensé. J’ai moins de temps, alors je priorise. » Lui qui a connu les triples séances à base de course à jeun et travail athlétique matinal constate que « ça, c’est fini ».

À l’heure d’attaquer une campagne piégeuse vers le Mondial 2026, le sélectionneur sait qu’il devra composer avec un paramètre incontournable : la gestion de la fatigue, devenue la clé de la performance au plus haut niveau.

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