Médaille de bronze pour Romain Valadier-Picard

Nico Par Nico

Publié le

À seulement 22 ans, Romain Valadier-Picard a frappé un grand coup sur la scène internationale du judo. Médaillé d'argent aux Championnats du monde vendredi à Budapest dans la catégorie des -60 kg, le Français a certes échoué de peu dans sa quête de l’or, battu en finale par le Japonais Ryuju Nagayama, mais il a confirmé ce que le judo tricolore pressentait déjà : il a tout d’un grand.

« Un peu déçu, un peu heureux » : un mélange d’émotions

À l’issue de la finale, les émotions étaient mêlées pour Valadier-Picard, tiraillé entre la fierté du podium et la frustration d’avoir laissé échapper le titre mondial.

« Je suis un peu déçu, un peu heureux… c'est un mélange de pleins de sentiments. J'aurais aimé aller chercher cette médaille d'or mais décrocher un podium mondial, c'est un accomplissement dans la vie d'un judoka. »

Le jeune Français a livré une prestation de haut vol tout au long de la journée, démontrant à chaque tour son judo précis, technique et complet, comme le soulignait son entraîneur Franck CHAMBILY : « Il a beaucoup fait tomber, avec un judo efficace. Il avait déjà cette capacité, mais le faire aux Mondiaux contre une telle densité d'adversaires, c’est une autre affaire. »

Une ascension fulgurante

Ce podium mondial est le premier de sa carrière dans un grand championnat individuel. Pour ses troisièmes Mondiaux, Valadier-Picard a donc franchi un cap important, lui qui n’avait pas été classé en 2022 et avait terminé 7e en 2024. Il dépasse ainsi le leader français de la catégorie Luka Mkheidze et met fin à 34 ans de disette française en -60 kg depuis le bronze de Philippe Pradayrol en 1991.

Un aboutissement d’autant plus impressionnant qu’il revient d’une blessure sérieuse au genou en début d’année 2025. Opéré puis longuement rééduqué au CERS de Capbreton, il a mis à profit cette période pour étudier ses futurs adversaires, rédigeant consciencieusement ses analyses dans un document numérique qu’il considère comme son « carnet de notes ».

Une mentalité de champion

Formé à l’AC Boulogne-Billancourt depuis l’âge de six ans, intégré à l’INSEP en 2019 avec un bac mention très bien, et poursuivant en parallèle des études à l’École supérieure d’ingénieurs Léonard-de-Vinci, Valadier-Picard impressionne par sa rigueur intellectuelle et sa discipline d'entraînement.

« C’est une éponge, il absorbe tout, il est son propre entraîneur parfois », assure Chambily. « Mon rôle, c’est de le rassurer et de lui rappeler qu’il met toutes les chances de son côté. »

Cette maturité rare s’est illustrée dans sa gestion du tournoi : malgré un retour à la compétition seulement deux semaines avant les Mondiaux (à Sarajevo), il est monté en puissance jusqu’à dominer le Russe Ayub Bliev (vice-champion d’Europe) en demi-finale.

Un avenir en or ?

Après cette médaille d’argent, Valadier-Picard veut encore progresser :

« Je peux m’appuyer sur le bon judo que j’ai produit mais aussi sur mes erreurs. Il reste du travail pour battre les meilleurs. »

Mais pour l’instant, il veut surtout savourer. Et à juste titre : il entre désormais dans la cour des grands avec une régularité impressionnante, lui qui a déjà remporté le Grand Slam de Paris 2025, après avoir notamment battu un Japonais pour la première fois de sa carrière.

Sa trajectoire laisse présager une nouvelle ère pour le judo français en -60 kg. S’il continue sur cette lancée, Romain Valadier-Picard pourrait bien devenir l’un des piliers des Jeux Olympiques de Los Angeles en 2028, voire même un prétendant au titre mondial dans les années à venir.

Actualités en rapport