Un championnat d'Europe avec des ambitions fortes pour les tricolores

Nico Par Nico

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À peine le temps de refermer le chapitre Paris 2024 que le judo français se projette déjà sur un nouveau cycle olympique. Ce mercredi matin à Podgorica, au Monténégro, s’ouvre une nouvelle page avec les Championnats d’Europe, premier grand rendez-vous international de l’olympiade vers Los Angeles 2028. Pour l’équipe de France, cette compétition revêt un double enjeu : affirmer ses ambitions continentales tout en lançant la bataille interne pour les futures places olympiques.

Une équipe dense et ambitieuse

Avec 18 judokas engagés (9 hommes et 9 femmes), la France aligne un groupe équilibré mêlant athlètes titrés, jeunes prometteurs et revenants en quête de confirmation. Le règlement autorisant les nations à doubler certaines catégories, les Bleus seront présents dans 11 des 14 catégories (6 doublées), avec plusieurs duels franco-français à suivre de près. Frédérique Jossinet, manager général des équipes de France, résume bien l’enjeu :

« Tous les Championnats vont compter. Tous les sélectionnés ont l’opportunité de briller, de se montrer, d’être performants. »

Parmi les confrontations internes les plus attendues, trois catégories offrent des affrontements révélateurs des équilibres (et tensions) du judo français actuel.

Clarisse Agbégnénou, monument du judo français, aspire à un sixième titre européen. À 32 ans, elle envisage une nouvelle pause maternité après Podgorica, avant de viser un ultime rêve : disputer ses quatrièmes Jeux Olympiques à Los Angeles. De retour à la compétition fin mars à Tbilissi après Paris 2024, elle s’était classée 3e, ravie de son niveau malgré une longue coupure post-grossesse.

Mais en face, Manon Deketer s’affirme comme une prétendante sérieuse. À 26 ans, la Dunkerquoise a profité de l’absence d’Agbégnénou en 2022 pour décrocher le bronze aux Mondiaux. Longtemps freinée par une lourde blessure au genou, elle revient fort, avec notamment une finale à Paris en février. Demain à Podgorica, les deux Françaises pourraient se croiser en demi-finales. Une confrontation qui pourrait symboliser le passage de témoin, ou le retour en force de la patronne.

Dans cette catégorie masculine très disputée, Joan-Benjamin Gaba, 24 ans, a connu la gloire à Paris avec une finale époustouflante par équipes mixtes. Depuis, le judoka tricolore a dû gérer une pause pour soigner son genou et s’adapter à son nouveau statut : celui de l’homme à battre. Battu d’entrée pour son retour en Autriche, il reste lucide :

« Mes adversaires se transforment face à moi. Je dois m’adapter. »

Face à lui, Maxime Gobert, 23 ans, récent monté des -66 kg où il a brillé chez les jeunes. Lui aussi vise haut :

« Joan-Benjamin est un frère, mais si on doit se battre pour une place, on le fera. »

Une émulation saine et fraternelle, qui pourrait atteindre son apogée si les deux hommes se retrouvent en finale cette semaine.

Troisième confrontation franco-française majeure à suivre : celle entre Maxime-Gaël Ngayap-Hambou et Alexis Mathieu. Ngayap, médaillé de bronze aux JO en -90 kg, revient à la compétition après une commotion et une blessure à l’épaule subie à Paris. À Podgorica, il affiche un objectif clair :

« Je vais chercher le titre. »

En face, Alexis Mathieu a vécu une désillusion : non sélectionné pour Paris 2024. Il a su rebondir avec une médaille d’argent à Tbilissi en mars, grâce à un travail de fond sur la nutrition et l’hydratation.

« Je me concentre sur le court terme. Les Jeux sont encore loin, mais je veux prouver ma place. »

Les deux hommes pourraient croiser le fer dès les quarts de finale vendredi, dans un duel aux allures de révélateur olympique.

Une première pierre sur la route de Los Angeles

Au-delà de ces rivalités internes, les Championnats d’Europe de Podgorica marquent le vrai départ de la course vers Los Angeles 2028. Si les quotas olympiques ne seront attribués que dans deux ans, chaque tournoi comptera dans les esprits comme dans les classements. Loin d’être une simple répétition, ce rendez-vous continental s’annonce donc comme un point de bascule stratégique pour l’équipe de France.

À Podgorica, l’heure n’est plus à la célébration des JO passés, mais à la construction des victoires de demain. Et à ce jeu-là, les Bleus ont déjà montré qu’ils savent répondre présent.

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