Disqualification et frustration pour Clarisse Agbégnénou

Nico Par Nico

Publié le

Jeudi, à Podgorica (Monténégro), l’arène du judo européen a été le théâtre d’un événement aussi rare qu’inattendu : Clarisse Agbégnénou, immense figure du judo français, a été disqualifiée en finale des -63 kg contre la Tchèque Renata Zachova, perdant ainsi une occasion historique de décrocher un sixième titre européen.

Un hansoku-make qui brise le rêve

Tout semblait bien engagé pour Agbégnénou, 32 ans, qui disputait sa dixième finale continentale. Mais à 1’50 de la fin, tout a basculé. Après une tentative de projection, les arbitres, appuyés par la vidéo, ont estimé que la Française avait commis un geste dangereux en saisissant illicitement le cou de Zachova, mettant potentiellement en péril ses cervicales. Résultat : hansoku-make, disqualification immédiate.

L’annonce du verdict a plongé Agbégnénou dans une profonde détresse. En larmes, effondrée sur le tapis, elle a été longuement réconfortée par Lucie Décosse, sa coach du jour, et plusieurs membres de sa famille et de la Fédération. « Je n’accepte pas. Les règles sont les règles, mais je n’accepterai pas », a-t-elle confié, visiblement abattue. Elle ajoutait, amère : « Je ne suis que vice-championne d’Europe… » Un métal qu’elle n’avait encore jamais connu en dix participations depuis 2012.

Une journée contrastée pour les Françaises

Si Agbégnénou a vu l’or lui échapper de manière cruelle, Martha Fawaz (22 ans) a, de son côté, marqué les esprits. Pour sa première participation à un Euro, la jeune judoka a remporté le bronze chez les -57 kg, après une victoire tactique face à la Serbe Perisic grâce à un yuko en contre.

En revanche, Manon Deketer, battue par Agbégnénou en demi-finale, n’a pas su rebondir dans le combat pour le bronze face à la Néerlandaise Van Lieshout. La Française a elle aussi été disqualifiée, cette fois pour une clé de bras debout illégale durant le golden score.

Une championne toujours en quête de records

Clarisse Agbégnénou visait un sixième sacre continental, ce qui aurait fait d’elle la Française la plus titrée de l’histoire aux Championnats d’Europe, toutes catégories confondues. Elle restera donc pour l’instant à cinq titres (2020, 2018, 2017, 2014 et 2013), à égalité avec Lucie Décosse.

La journée avait pourtant bien commencé pour la championne olympique, qui avait enchaîné les victoires avec autorité, notamment en demi-finale face à sa compatriote Deketer. Toujours aussi solide mentalement, elle semblait monter en puissance… jusqu’au coup d’arrêt brutal.

Pause maternité avant un retour pour 2028

Malgré l’immense déception, Agbégnénou ne renonce pas à son ambition. Comme prévu, elle va désormais prendre un congé sabbatique pour envisager une nouvelle maternité, comme après son sacre olympique de Tokyo en 2021. Elle souhaite offrir un petit frère ou une petite sœur à sa fille Athéna, qui aura trois ans en juin.

Mais elle l’a déjà promis : elle reviendra pour les Jeux de Los Angeles 2028. « Tant que je déciderai de faire des compétitions, c’est que j’aurai des choses à aller chercher. Pour l’instant, je n’ai pas raccroché le kimono », a-t-elle affirmé avec détermination.

Une légende au cœur brisé, mais toujours debout

Cette journée restera comme l’une des plus dures de la carrière d’Agbégnénou. Mais si l’or s’est échappé, la légende demeure. La combattante qu’elle est n’a pas dit son dernier mot. Comme elle l’a déjà prouvé par le passé, Clarisse sait toujours se relever pour mieux briller.

Actualités en rapport