Alexis et Félix Lebrun en bronze

Alexis et Félix Lebrun en bronze

Nico Par Nico

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Le rêve mondial s’est arrêté en demi-finales pour Alexis et Félix Lebrun, battus samedi par les Taïwanais Kao Cheng-Jui et Lin Yun-Ju (11-8, 11-7, 9-11, 12-10) au terme d’un match serré et intense. Malgré la déception de ne pas accéder à la finale, les deux prodiges du ping tricolore repartent de Doha avec une médaille de bronze, une nouvelle ligne à leur palmarès déjà bien fourni.

Une entrée trop timide, une réaction trop tardive

Dès les premiers échanges, les Taïwanais ont imposé leur rythme, étouffant les intentions des frères français. Lin Yun-Ju, habitué des grands rendez-vous, a dicté le tempo, secondé efficacement par Kao Cheng-Jui. Les deux premiers sets ont été remportés avec autorité (11-8, 11-7), les Asiatiques convertissant chacune de leurs premières balles de set.

Menés 2-0, Alexis et Félix Lebrun ont réagi avec orgueil dans le troisième set, menant 9-4 avant de fléchir brièvement sous la pression. Ils ont néanmoins su conclure cette manche (11-9), relançant l’espoir d’un retour. Dans un quatrième set haletant, les Tricolores ont de nouveau pris les devants, mais les Taïwanais ont su égaliser à 9-9, avant de sceller la rencontre sur leur deuxième balle de match (12-10).

Une performance à relativiser

Cette défaite laisse forcément un goût amer. Alexis Lebrun, visiblement très affecté, a confié après le match :

« J’aurais pu faire mieux, on aurait pu faire mieux tous les deux. C’est dur que ça s’arrête comme ça, parce que j’avais envie qu’on continue. »

Mais au-delà de la frustration du moment, le résultat reste historique et remarquable. Les Lebrun, champions d’Europe, doubles champions de France, et numéros 1 mondiaux, ont prouvé qu’ils faisaient désormais partie des duos les plus solides au monde.

Une médaille méritée malgré une préparation tronquée

Leur parcours à Doha mérite d’autant plus d’éloges qu’il a été accompli dans des conditions physiques loin d’être idéales. Alexis Lebrun, opéré récemment d’un doigt cassé après un coup de colère aux Championnats de France, n’était pas certain de pouvoir jouer.

« Je ne pouvais pas tenir une raquette la veille du tournoi », rappelle-t-il.

Avec seulement cinq entraînements de 30 minutes dans les jambes, sa présence relevait presque du miracle. Le coach des deux frères, Nathanaël Molin, salue leur abnégation :

« Il s’est très bien débrouillé. On n’était pas aiguisés comme on aurait pu l’être, mais j’ai confiance en l’avenir. »

Le tableau français privé d’une finale 100 % tricolore

Autre déception : la seconde paire française, Esteban Dorr et Florian Bourrassaud, n’a pas pu défendre ses chances en demi-finale, le second ayant dû déclarer forfait en raison d’une fissure au ménisque. Sans jouer, leurs adversaires japonais, Shunsuke Togami et Hiroto Shinozuka, ont ainsi validé leur billet pour la finale.

Un bilan global positif pour les Lebrun

Malgré leur élimination, les frères Lebrun quittent le Qatar avec une médaille mondiale, un exploit pour deux joueurs qui, il y a encore deux ans et demi, étaient quasi inconnus du grand public international.

Félix, engagé également en simple, a vu son parcours s’arrêter en huitièmes de finale, battu à la belle par le Coréen An Jaehyun. Une sortie frustrante, certes, mais qui ne remet pas en cause la dynamique impressionnante des deux frères.

« Tout le monde a été extrêmement mal habitué à ce qu’on gagne très vite », relativise leur entraîneur.

Une nouvelle page du tennis de table français s’écrit

Encore jeunes (20 et 17 ans), les frères Lebrun continuent de bâtir l’avenir du tennis de table français. Leur énergie, leur talent et leur combativité ne laissent aucun doute : le meilleur reste à venir. À défaut de l’or cette fois, ils repartent avec du bronze, mais surtout avec des enseignements précieux pour la suite de leur carrière, et une place consolidée parmi l’élite mondiale.

À Doha, les Lebrun ont encore frappé. Et ce n’est sans doute qu’un début.

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