Benjamin Védrines et Nicolas Jean réalisent un record historique

Benjamin Védrines et Nicolas Jean viennent d’entrer dans la légende de l’alpinisme mondial. Les deux Français ont réussi, pour la première fois dans l’histoire, l’ascension du Jannu Est (7 468 m), dans l’Himalaya népalais, par la face nord, un versant redouté et jusqu’ici inviolé. Un exploit d’une pureté rare, réalisé en style alpin, sans oxygène, sans cordes fixes, et dans l’un des environnements les plus hostiles de la planète.

Un sommet mythique et une voie vierge

Le Jannu, aussi appelé Kumbhakarna, est une montagne légendaire de la région du Kangchenjunga, à l’est du Népal. Considérée comme l’une des plus difficiles au monde, sa face nord est une paroi vertigineuse de glace et de granit, soumise à des températures extrêmes et à des conditions météorologiques imprévisibles.

Depuis des décennies, les plus grands alpinistes rêvaient de l’affronter. Mais aucune ascension n’avait jamais été réussie par ce versant. Jusqu’à ce mois d’octobre 2025, lorsque Benjamin Védrines et Nicolas Jean, après des années de préparation, ont écrit une page majeure de l’histoire de l’alpinisme.

« C’est fait ! Quand on arrive au vrai sommet, à 13h40, c’est la délivrance. J’ai versé ma petite larme, c’était fort, vrai, simple », a confié Védrines.

Une aventure extrême dans un style pur

Arrivés au Népal fin août, les deux hommes ont d’abord consacré plusieurs semaines à l’acclimatation, en attendant la bonne fenêtre météo. L’objectif : affronter le mur nord du Jannu, dans un style alpin minimaliste — autonomie complète, aucune corde fixe, aucun recours à l’oxygène artificiel.

Ce pari audacieux exigeait une condition physique et mentale hors normes, mais aussi une rapidité d’exécution vitale. Comme l’explique Védrines :

« C’est une face qui impose d’être rapide. Si tu es lent, tu ne peux pas y arriver. »

Le duo s’était déjà essayé à ce versant en octobre 2024 aux côtés de Léo Billon, mais avait dû renoncer. Cette année, plus déterminés que jamais, Védrines et Jean sont revenus à deux, plus affûtés, mieux préparés — et prêts à aller au bout.

Le déroulé de l’ascension : quatre jours suspendus dans la verticalité

• Dimanche 12 octobre, 4h00 du matin : départ du camp à 5 100 m d’altitude.
• Première étape : montée jusqu’à 6 200 m, dans un froid mordant.
• Mardi : le duo s’engage dans la partie inconnue, sans repères, sur un itinéraire à inventer.
• Mercredi : montée vers l’arête sommitale, sous un soleil éclatant mais un vent glacial.
• 13h40 : après un premier faux sommet, les deux Français atteignent enfin le véritable sommet du Jannu Est (7 468 m), sous des rafales de 40 km/h et une neige profonde.

« Sur l’arête finale, l’ambiance est mystique… La fatigue se transforme en gratitude », raconte Védrines, encore ému.

Une descente périlleuse

L’ascension n’était que la moitié du défi. Le retour s’est avéré tout aussi dangereux. Les deux alpinistes ont entamé la descente dans la foulée, avec environ 50 rappels nécessaires pour regagner le bivouac.

« La fin a été très stressante. La zone était inconnue et il y avait peu d’emplacements pour faire des relais de rappel », confie Védrines.

Le duo rejoint enfin le camp de base à 5 100 m le jeudi à 17h30, épuisé mais indemne. Le lendemain matin, le réveil fut difficile, mais un sentiment de plénitude dominait : le rêve était accompli.

Une première mondiale et un tournant personnel

Pour Benjamin Védrines, déjà reconnu comme l’un des meilleurs alpinistes de sa génération, cet exploit marque un tournant dans sa carrière :

« J’ai senti que cette ascension allait changer ma vie d’alpiniste. Tout ce qu’on a fait jusque-là menait à ce sommet. »

Depuis des années, le Français repoussait sans cesse les limites du possible, entre ascensions ultrarapides et ouvertures de nouvelles voies. Mais cette réussite au Jannu Est, sommet resté vierge depuis toujours, le place désormais au panthéon de l’alpinisme contemporain.

Son compagnon de cordée, Nicolas Jean, incarne lui aussi cette nouvelle génération d’alpinistes français — discrets, puissants et techniciens — qui renouent avec l’esprit d’exploration originel de l’Himalaya.

Un exploit salué par la communauté internationale

Dans le monde de la montagne, cette première a immédiatement suscité admiration et respect. Gravir une telle paroi en style alpin, sans assistance, relève d’un niveau de maîtrise extrême, rarement atteint depuis les grandes heures des années 1980.

Le Jannu Est par la face nord figurait parmi les derniers grands défis non réalisés de l’Himalaya. En le réussissant, Védrines et Jean ont signé l’un des plus grands exploits alpins du XXIe siècle.

En résumé

Première mondiale : ascension du Jannu Est (7 468 m) par la face nord.

Protagonistes : les Français Benjamin Védrines et Nicolas Jean.

Style d’ascension : pur style alpin, sans oxygène ni cordes fixes.

Dates clés : ascension du 12 au 16 octobre 2025, sommet atteint à 13h40.

Difficultés : froid extrême, altitude, itinéraire inconnu, descente périlleuse.

Résultat : un exploit historique, salué comme une grande première mondiale.