Edgar Grospiron veut miser sur le cyclo-cross et le trail pour 2030

Edgar Grospiron veut miser sur le cyclo-cross et le trail pour 2030

Brice Par Brice

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Le président du Comité d'organisation des Jeux olympiques des Alpes 2030 a créé la surprise ce week-end en défendant l'intégration de disciplines outdoor non-hivernales au programme olympique. Une proposition audacieuse qui suscite déjà de vives réactions.

En marge de l'étape de Coupe du monde de ski à Val d'Isère ce samedi, Edgar Grospiron a lâché une déclaration qui risque de faire date. Le champion olympique de ski de bosses et actuel président du COJOP a plaidé pour l'ajout du trail, du cyclo-cross et du gravel aux Jeux d'hiver 2030, avec un argument choc : attirer les plus grandes stars du cyclisme mondial.

Présent dans la station à l'occasion du Critérium de la Première Neige, le Haut-Savoyard a fait le point sur l'organisation des JO d'hiver 2030 dans les Alpes ⛷️
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— ICI Pays de Savoie (@icipaysdesavoie) December 14, 2025

"Pogacar ou Van Aert, ça aurait de la gueule"

Grospiron imagine des champions comme Tadej Pogacar ou Wout Van Aert participer aux Jeux d'hiver, apportant avec eux leur immense notoriété et une audience considérablement élargie. "Les Jeux d'hiver, c'est fantastique mais la grosse star, c'est le joueur de NHL ou des Lindsey Vonn... Il n'y en a pas beaucoup", a-t-il justifié devant la presse savoyarde.

Le Belge Wout Van Aert et le Néerlandais Mathieu van der Poel sont effectivement parmi les figures les plus médiatisées du cyclo-cross hivernal, une discipline qui anime l'actualité cycliste pendant la trêve du peloton sur route. Leur présence aux JO pourrait transformer la visibilité de l'événement.

Valoriser toutes les altitudes de la montagne

Au-delà de l'effet star, Edgar Grospiron défend une vision territoriale cohérente. Selon lui, les sports de glace occupent les vallées tandis que le ski alpin exploite les hauteurs, mais la zone entre 0 et 1000 mètres d'altitude reste inexploitée dans le récit olympique.

"C'est un formidable terrain de jeu. Ce serait quand même dommage de ne pas montrer cette facette là", explique le président du COJOP. Pour lui, ces disciplines outdoor permettraient de présenter une image complète et moderne de la montagne française, tout en touchant de nouveaux publics passionnés par ces sports en plein essor.

Grospiron estime que ces Jeux doivent refléter les usages actuels de la montagne et anticiper son avenir, d'où l'idée d'intégrer des pratiques outdoor qui connaissent un succès grandissant.

Une initiative inspirée du "Marathon pour tous"

Dans la lignée du succès retentissant du "Marathon pour tous" organisé lors des JO de Paris 2024, où 35 000 coureurs amateurs ont participé à une épreuve ouverte au public, le COJOP envisage un dispositif similaire pour le trail. Cette démocratisation olympique avait marqué les esprits l'été dernier et pourrait être transposée aux Alpes en 2030.

Des résistances déjà affirmées

Cette ouverture ne fait pas l'unanimité. Mi-novembre, plusieurs fédérations internationales d'hiver ont exprimé leur opposition frontale, estimant que ces ajouts dilueraient l'identité des Jeux d'hiver. Les acteurs traditionnels du ski craignent que l'événement perde son essence en s'éloignant des sports de neige et de glace.

De leur côté, les présidents d'organisations françaises de montagne ont également manifesté leurs inquiétudes, redoutant un abandon du secteur des sports hivernaux au profit d'un tourisme quatre saisons.

Un processus décisionnel en cours

Le Comité international olympique a mis en place un groupe de travail spécifique pour étudier cette intégration historique de disciplines estivales aux Jeux d'hiver. Ce serait effectivement une première dans l'histoire olympique.

#DemainLeSport | Edgar Grospiron : "On veut des Jeux spectaculaires"

💥 C'est parti pour la journée de tables rondes.

Le patron des Jeux olympiques et paralympiques d'Hiver 2030, entend s'inspirer des Jeux de Paris pour mettre en valeur les Alpes françaises. pic.twitter.com/H4xVA9oxb0

— francetvsport (@francetvsport) October 7, 2025

Le président du Comité international de cyclisme, David Lappartient, et celui de World Athletics, Sebastian Coe, soutiennent activement ces candidatures. Tous deux voient dans ces disciplines outdoor une opportunité d'étendre le rayonnement olympique.

Les sports additionnels proposés par le COJOP devront obtenir l'aval de la commission exécutive du CIO en juin 2026. D'ici là, le débat promet d'être animé entre partisans d'une modernisation audacieuse et défenseurs de la tradition hivernale.

Avec cette proposition iconoclaste, Edgar Grospiron lance un véritable pavé dans la mare du conservatisme olympique. Reste à savoir si sa vision d'une "montagne de 2050" convaincra les instances internationales.

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