Amandine Buchard battue mais ambitieuse

Nico Par Nico

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Samedi à Budapest, Amandine Buchard a quitté prématurément les Championnats du monde de judo, battue dès les huitièmes de finale par l’intraitable Uta Abe, future championne du monde en -52 kg. Si le résultat brut — une élimination sans classement — peut sembler rude, l’attitude et les sensations de la judokate française donnent à cet échec les couleurs d’un tournant positif.

Un choc de titanes prématuré

Dans ce qui aurait pu être une finale rêvée, les deux mastodontes de la catégorie -52 kg, Amandine Buchard (30 ans) et Uta Abe (24 ans), se sont affrontées bien trop tôt dans la compétition. La raison ? L’absence de statut de tête de série pour la Japonaise, peu présente sur le circuit depuis les JO de Paris. Un sort peu clément pour Buchard, numéro 1 mondiale, et victorieuse récemment en Géorgie et au Tadjikistan.

Le combat fut d’une rare intensité : 5 minutes et 40 secondes de lutte, avant que Buchard ne cède au golden score, pénalisée trois fois. Une performance qui contraste fortement avec les autres combats d’Uta Abe, tous remportés par ippon en moins de trois minutes. La Française est la seule à avoir résisté aussi longtemps à la championne japonaise, preuve d’une solidité retrouvée.

Un revers sans médaille, mais pas sans valeur

Cette défaite en huitièmes prive Buchard de repêchage, et donc de la possibilité de décrocher une sixième médaille mondiale. Pourtant, son discours est celui de la maturité. « Contrairement à d’habitude, je me suis sentie bien, sereine, beaucoup moins stressée. Pour une fois, Abe n’avait pas l’ascendant psychologique sur moi », confie-t-elle avec lucidité. Un progrès notable pour une athlète souvent freinée par une gestion émotionnelle délicate.

Ce cheminement intérieur est le fruit d’un travail intense mené avec sa psychologue Meriem Salmi, mais aussi avec Jane Bridge, pionnière du judo féminin, devenue une figure clé du nouveau staff tricolore depuis les JO de Paris. « Avoir des personnes comme elle à mes côtés me fait beaucoup de bien », affirme Buchard, saluant l’apaisement et la clarté d’esprit que lui apporte la Franco-Britannique.

Une double ambition : judo et rugby vers 2028

L’autre nouveauté dans la trajectoire de Buchard, c’est son double projet sportif : en plus du judo, elle s’investit désormais dans le rugby à 7, avec un objectif aussi fou qu’inspirant : participer aux JO de Los Angeles en 2028 dans les deux disciplines. Un défi qui lui donne une énergie nouvelle : « J’ai trouvé un équilibre. Je ne serais peut-être pas sur ces Mondiaux si je n’avais pas cet épanouissement. »

Uta Abe, l’insatiable reine du tatami

En face, la Japonaise Uta Abe continue d’écrire sa légende. À 24 ans, elle remporte son cinquième titre mondial en autant de participations, après un passage à vide aux JO de Paris. Elle se rapproche ainsi du record absolu de Ryoko Tamura-Tani, détentrice de sept couronnes planétaires. En finale à Budapest, elle a littéralement dominé Distria Krasniqi (Kosovo), vice-championne olympique, concluant son tournoi avec quatre ippons en cinq combats.

Une défaite qui prépare l’avenir

Si Amandine Buchard quitte ces Mondiaux sans podium, elle repart avec une force intérieure renouvelée. Sa prestation face à la meilleure du monde, son évolution mentale et son nouveau cadre d’accompagnement montrent qu’elle a franchi un cap. Son ambition reste intacte, son horizon s’élargit. Ce revers pourrait bien être le prélude à ses plus grandes réussites.

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